L’ANM a 30 ans

Aujourd’hui, l’Association nationale des médiateurs a célébré l’anniversaire de ses 30 ans. En ce jour anniversaire, il me revient seulement – et c’est pour moi un grand privilège, un très grand honneur – de saluer toutes celles et ceux qui, ensemble, font l’ANM, partagent notre joie. Car célébrer les 30 ans, c’est toujours joyeux !

Alors que nous célébrons ce 30e anniversaire, le monde de la médiation a considérablement changé. Le nombre de personnes qui s’intéressent aux modes amiables a augmenté et de nouvelles thématiques ont émergé qui transforment en profondeur notre société.

Provoquer la rencontre dans ce monde en perpétuelle mutation, en recherche de repères, en quête de sens, par-delà l’isolement des un.es et la violence des autres. Tel est notre métier de médiateurs et de méditarices.

La 1ère table ronde, sous l’égide de Janie Bugnion et Salomé Van Billoen, s’est intéressée à ces rencontres improbables.

Georges Salines, père de Lola, assassinée au Bataclan, et coauteur avec le père d’un des assaillants de « Il nous reste les mots » et Fatima Ezzarhoumi, membre de « Retissons du lien » et mère d’Abdellah égaré sur les routes du Djihad ont partagé avec nous le moment de leur rencontre et ce qu’il en est résulté. A eux seuls ils incarnent ce dialogue inattendu, une extraordinaire occasion de se parler et donc de restaurer. Abattre les murs de méfiance, d’incompréhension et parfois de haine.

La médiation animale est aussi une rencontre improbable : une rencontre avec l’autre – humain et non humain – mais aussi et peut-être avant tout une rencontre avec soi. Comme l’a exprimé Valérie Pradalié, la médiation animale confronte à l’altérité pour apprivoiser le rapport à soi et le rapport à l’autre :

« Qu’est-ce que signifie apprivoiser ?
– C’est une chose trop oubliée, dit le renard, ça signifie créer des liens »1

Le lien était le thème de la 2ème table ronde, animée par Myriam Bacqué et Edouard Grimbert, qui a traité de l’écologie de la relation.

La relation est au cœur de toute l’existence. C’est elle qui permet à chacun.e de tisser les fils de ses possibles, de se relier à l’ensemble de l’univers.

Le Professeur Truelle a éclairé pour nous les mécanismes de la relation. Il a souligné la différence entre sympathie et empathie : alors que la sympathie est une relation affective, l’empathie est une relation cognitive. La fonction de l’empathie est de nous permettre de savoir et de comprendre les autres et, partant, de nuancer notre point de vue en intégrant celui des autres. Voilà quelque chose qui parle aux médiateurs et médiatrices que nous sommes.

Jean-Edouard Grésy nous a parlé du don et du contre-don. Le présent reçu est obligatoirement rendu. Le don comporte paradoxalement cette forme d’obligation très précise qui est l’obligation de l’échange, de la restitution. A l’issue de cette journée, nous avons contracté une sacrée dette envers cette grande famille de l’ANM et de ces belles personnes qui la font vivre. Merci à elles !

Je retiens de la dernière table ronde, imaginée par Gabrielle Planès et Mahé Mas, la métaphore du médiateur comme chef d’orchestre. Garder le tempo, garder le rythme… pas toujours facile mais nécessaire pour atteindre l’harmonie, avec parfois des fausses notes.

À l’occasion de cet anniversaire et chaque jour, nous devons utiliser notre énergie et notre influence pour faire ce qui est juste et nécessaire pour promouvoir la paix et l’harmonie. Si nous ne pouvons pas empêcher les conflits, nous pouvons faire beaucoup pour accompagner les personnes qui les traversent. Elles vont se tromper, nous allons nous tromper… Comment en tant que spécialistes du conflit, pouvons-nous rendre à l’erreur son statut d’élément stimulant et structurant dans la diversité de ce que nous sommes et sans crainte d’être jugé ?

Un premier élément de réponse est la sécurité du cadre. Nous sommes reconnaissants à l’égard de l’ANM et de sa présidente, Dominique Weber, de nous fournir ce cadre sécurisant, à nous médiateurs et médiatrices, où nous pouvons nous tromper, nous épanouir dans nos différences, nous rassembler comme une famille humaine unique !

Cette journée anniversaire nous a permis de faire une halte dans notre histoire commune et a ouvert devant nous des perspectives qui s’offrent à celles et ceux qui sont réunis ici. Nous regardons à présent en direction de l’horizon : il n’est rien de plus important pour l’humanité. Cet élan que l’histoire sans cesse renouvelle, sans jamais l’épuiser, s’appelle l’espérance. Puisse l’ANM ne jamais oublier que sa mission est d’incarner l’espérance : « la petite fille espérance » comme le disait Charles Péguy. Cette petite fille vient d’avoir trente ans.

[1] Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry

Elsa Costa

Ancienne magistrate, Elsa Costa est médiateure spécialisée dans les litiges publics et formée aux techniques de créativité.

Afin d’immortaliser ces temps forts, des dessins rouge ANM réalisés tout au long de la journée par l’artiste auteure @Marielle Durand
 
@marielledurand.artist pour Instagram, @Marielle Durand Dessins sur Facebook et @MarielleDurand sur Linkedin

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