A VOIR – Glenn : naissance d’un prodige

A VOIR – Glenn, naissance d’un prodige

Une pièce de théâtre d’Ivan Calbérac.

Avec Josiane Stoleru, Bernard Malaka, Thomas Gendronneau, Lison Pennec, Benoit Tachoires, Stéphane Roux.

Mise en scène d’Ivan Calbérac.

La dernière œuvre d’Ivan Calbérac est un biopic théâtral qui nous plonge dans la vie et l’œuvre d’un génie !

L’auteur (à qui l’on doit les pièces à succès Venise n’est pas en Italie et La dégustation) réussit habilement à transposer sur scène une histoire aussi incroyable que méconnue ; celle de Glenn Gould qui a donné toute sa vie à la musique par goût des notes, de la mélodie, du piano, mais aussi par nécessité vitale.

Cette création originale revient sur le destin extraordinaire et tragique de ce pianiste émérite, reconnu comme un des plus grands artistes du 20ème siècle : Sous l’impulsion de sa mère qui rêvait d’être concertiste, Glenn commence le piano dès l’âge de deux ans et demi, et s’y révèle aussitôt très doué. Devenu adulte, il va totalement révolutionner la façon de jouer du piano, et vendre autant de disques que les plus grandes rock stars !

La pièce nous permet de retracer son parcours artistique, avec un focus bien senti sur les fameuses Variations Goldberg de JS. Bach, qui ont fait date dans l’histoire de la musique classique. Le spectateur vibre au rythme de son ascension fulgurante, soutenu jusqu’à sa mort par le public comme par les professionnels du métier. Déterminé, Glenn poursuivra sa carrière en prenant soin de ne jamais se trahir, se mentir ou renier ce qu’il ressent profondément. Et la mise en scène judicieuse met un point d’honneur à mettre en valeur la singularité et le talent de l’artiste, en laissant une place subtile au piano, comme un prolongement des mains de Glenn.

L’intérêt de ce spectacle tient également dans la personnalité hors norme de Glenn : un homme tout autant passionné et habité par la musique que torturé ; certains spécialistes évoquent d’ailleurs un spectre d’autisme (on soulignera ici le talent de Thomas Gendronneau, qui livre une prestation exceptionnelle et nous montre un Glenn très touchant). L’artiste vit la musique comme une dépendance qui lui permet de survivre et d’exister, surtout aux yeux de sa mère, qui semble être tout pour lui. Et en retour, son fils est tout pour elle. La pièce n’occulte pas cette relation ambiguë à la fois dévorante et dérangeante ; et on comprend alors l’impact de cette ingérence sur la santé mentale de Glenn, dont la vie sentimentale et sociale a été sacrifiée.

Personnage tout aussi ordinaire qu’extraordinaire, Glenn Gould est un modèle d’abnégation et de dévouement ; et le fait qu’il réside au panthéon des génies est un hommage légitime à son talent et à la trace qu’il laisse dans l’Histoire. Glenn méritait d’être honoré à sa juste valeur et cette pièce remplit parfaitement cette mission.

Pour les néophytes ou les connaisseurs, à découvrir de toute urgence au théâtre du Petit Montparnasse à Paris, à partir du 7 septembre 2022.

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