Médiation et EHPAD : quel avenir ? quelles perspectives ?

Médiation Centre Loire a réalisé son premier atelier, mis en place dans le cadre de la semaine internationale de la médiation, le 10 octobre 2022 à Tours, sur le thème « Médiation et EHPAD : quel avenir, quelles perspectives ? »

Ce projet a été rendu possible grâce à notre collaboration avec le CJA (Centre de Justice Amiable) adossé au Barreau de Dieppe et l’énergie des médiateurs de l’association. Il a également été soutenu avec enthousiasme par le Barreau de Tours.

Nous avons souhaité lors de cet atelier, faire une place aux familles, souvent en grande difficulté face à la dépendance et la vulnérabilité de leurs parents âgés. L’EHPAD est, la plupart du temps, le dernier lieu de vie de nos aînés mais il est aussi le lieu dans lequel émergent des conflits de tous ordres qu’ils soient familiaux, conjoncturels ou structurels.

Dès lors, il nous est apparu pertinent de réunir des experts de ce domaine et de s’interroger ensemble sur la place que pourrait avoir la médiation dans ces situations familiales et dans les structures.

 

Cécile ROUSSEAU DUMARCET, médiatrice et formatrice à Tours, a animé la matinée aux côtés de Madame LE BIHAN-PIZANI, présidente de Médiation Centre Loire, de Madame LAGARRIGUE, juge aux affaires familiales à Tours, de Monsieur ESSALHI, directeur de l’EHPAD DEBROU, et de Maître UZEL, avocate et médiateur.

L’auditoire en présentiel à Tours et en distanciel, notamment depuis Dieppe et Rouen, a pu interagir avec les intervenants de façon régulière, enrichissant ainsi le débat et les réflexions.

Après avoir échangé sur l’essence même de la médiation, les interventions se sont orientées, en s’appuyant sur différentes expériences, sur l’intérêt de mettre en place une médiation dans ces situations.

Madame LE BIHAN-PIZANI a partagé une expérience de médiation entre obligés alimentaires en procédure, médiation qui a abouti à un accord total. Les sommes à verser par les obligés alimentaires ont très souvent une grande valeur symbolique, tant au niveau de la fratrie que dans le rapport aux parents. L’espace de parole offert par la médiation est unique et indispensable à la résolution du conflit. Or cet espace de parole ne peut être proposé ni par la justice ni par un EHPAD comme nous le dit Monsieur ESSALHI, tant ils manquent de temps et de formation pour une aide à la résolution d’un différend familial.

Une autre médiation proposée entre un résident et un EHPAD dans le cadre d’une dette importante a renforcé l’idée que la médiation aurait toute sa place dans ces lieux de vie familiaux.

Aussi est-il intéressant de se poser la question suivante : puisque la médiation semble avoir une place de choix dans ces situations familiales, comment la promouvoir ? Comment la mettre en place ? A quel moment ?

Une des difficultés réside notamment dans le fait que la structure doit rapidement déclarer sa dette et lancer de ce fait une procédure judiciaire. Comment alors inviter les parties au dialogue ? Madame LAGARRIGUE, Juge aux affaires familiales, réfléchit à l’intérêt d’enjoindre les parties à rencontrer un médiateur. Cette proposition pourrait favoriser un retour au dialogue entre enfants ou obligés alimentaires, entre enfants et structure d’accueil. En effet, force est de constater que les conflits interviennent à différents niveaux : entre enfants, entre les enfants et la structure, entre le résident et la structure, au sein même de la structure.

Ainsi, avec Monsieur ESSALHI, nous avons échangé sur les organisations du travail auprès des soignants régulièrement mis en situations de conflit familial. Comment les aider à gérer les stress et ces conflits ? Il semblerait que cette souffrance au travail soit davantage à prendre en compte et que des formations à la résolution de conflit pourraient leur être d’une grande aide. Des assistantes sociales présentes à cette formation ont montré leur vif intérêt à pouvoir proposer la médiation, outil qu’elles ne connaissaient pas. Elles ont montré aussi leur enthousiasme pour en savoir plus et savoir comment et quand la proposer aux familles. Souvent démunies face à des conflits familiaux réactivés par ces situations délicates, elles sont en recherche de propositions aidantes.

Ces trois heures d’atelier ont permis d’avancer dans une réflexion sur l’importance de la médiation, et de manière plus concrète sur les modalités de mise en place de celle-ci et ceci, grâce à la diversité des intervenants et à la prise de parole pertinente des personnes dans la salle ou en visioconférence. Cette approche concrète et positive a permis d’évoquer des actions possibles à différents niveaux : dans les EHPADs auprès des directeurs qui peuvent proposer la médiation, du personnel soignant, des assistantes sociales. Une réflexion avec le Tribunal afin de promouvoir la médiation est ouverte et s’annonce prometteuse.

Dans ces lieux de vulnérabilité du grand âge et de la famille, la médiation serait un soutien et un apport humain considérable. Il semble que le besoin et les attentes soient immenses et méritent que l’on s’y arrête afin d’offrir aux familles plus d’échanges et de sérénité.

Cécile ROUSSEAU DUMARCET et Marie-Paule LE BIHAN-PIZANI,

Membre et Présidente de MCL Médiation Centre Loire.

 

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