GOLIATH, plongée dans les coulisses des luttes environnementales

Dans votre newsletter mensuelle nous vous proposons de temps à autre un rendez-vous à ne pas manquer autour d’un film, d’une pièce de théâtre ou d’un documentaire choisi par la rédaction. Ce mois-ci à l’affiche un film a retenu notre attention…GOLIATH, film français réalisé par Frédéric Tellier. Avec Pierre Niney et Gilles Lellouche.

GOLIATH, plongée dans les coulisses des luttes environnementales.

Encore un nouveau film coup de poing, comme Frédéric Tellier sait les faire (L’affaire SK1, Sauver ou Périr). Un thriller environnemental qui s’appuie sur un face à face haletant entre Mathias, lobbyiste brillant et homme pressé, et Patrick, obscur et solitaire avocat parisien.

L’histoire démarre sur un drame : Lucie s’immole sur la place publique, désespérée d’avoir vu Margot, sa compagne, mourir d’un cancer. France, elle, se bat pour soutenir son mari Zef, lui aussi atteint d’un cancer agressif. Le point commun de ces protagonistes : être exposés, de près ou de loin, à la tétrazine, un pesticide pourtant reconnu comme facilitant les rendements des productions des terres agricoles.

Patrick prend conscience qu’un scandale national se perce à jour. Une seule solution s’offre à lui : faire reconnaitre enfin que l’utilisation de la tétrazine, pourtant officiellement autorisée par les autorités, est à l’origine de la mort de nombreux innocents.

Dès lors, il se lance dans une quête de vérité et de vengeance absolue, que rien ne pourra arrêter ! Gilles Lellouche est dans un contre–emploi total, et maitrise parfaitement sa partition, dans un subtil mélange de sensibilité et de détermination. Seulement, c’est sans compter sur le machiavélisme de Mathias, magistral Pierre Niney, que l’on n’a jamais vu aussi cynique. Il excelle dans l’utilisation des outils d’influence et des techniques de communication pour arriver à ses fins, quoi qu’il en coûte et sans aucun scrupule !

Le film nous offre ainsi de naviguer dans les méandres des chantages, menaces et autres manipulations au sein des arcanes des pouvoirs financiers et politiques, et des mouvements de lutte et de résistance.

Le film permet également une réelle prise de conscience, s’il en était besoin, de la souffrance de nos agriculteurs et leurs familles et de leur urgence à survivre, dans un monde de profit et de rentabilité, où l’appât du gain peut avoir le dernier mot pour chacun…

La réalisation est soignée, le rythme mesuré, les gros plans ajoutent à l’humanité des personnages, sans faire oublier la guerre des intérêts que se livrent les protagonistes : intérêts individuels (pour ne pas dire égocentriques) versus intérêts collectifs (ou philanthropes).

Il s’agit donc d’une œuvre majeure pour comprendre notre monde, et Frédéric Tellier ne déroge pas à la règle d’un parti pris très fort contre les multinationales de la santé (ici le Laboratoire Phytosanis) ! Le film aurait sûrement gagné à montrer davantage la complexité des choix des personnages, pour refléter plus de nuances et éviter un manichéisme évident.

Cela étant, on ressort du film touché au cœur… avec une sensation de profond dégoût, de colère, de tristesse, presque de désespoir. Nul ne peut rester indifférent devant cette histoire, et c’est cela qu’on attend d‘un cinéma de qualité !

Hubert Myon – Acteur, médiateur

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