A voir – Don’t look up : Déni cosmique

Sorti fin 2021 sur Netflix, cet ovni cinématographique est un électrochoc : L’astronome Randall Mindy (Leonardo DiCaprio) et sa doctorante Kate Dibiasky (Jennifer Lawrence) en sont désormais sûrs : une comète va détruire la Terre dans six mois. Après avoir alerté les médias, ils interpellent la présidente des USA (Meryl Streep) qui autorise une mission pour dévier la trajectoire de la comète. Mais, sous l’influence de son donateur Peter Isherwell, président de la multinationale Bash, la présidente comprend que les USA peuvent générer des milliers de milliards de dollars grâce aux métaux précieux constituant la comète et ordonne alors sa destruction. Aussi convaincue que cynique, son projet de rassurance pour la population s’intitule alors « Don’t look up » (ne regardez pas en l’air !), quitte à nier la réalité du danger pour l’humanité ! Pour Randall et Kate, les USA mettent sciemment la Terre en danger. La mission Bash va-t-elle réussir ?

Il s’agit ici d’urgence climatique, de la survie de la planète et des défis écologiques pour notre génération et les futures. Que faire pour préserver notre planète ? Les actions et les décisions prises sont-elles bonnes ou même suffisantes ? ce film nous montre que la tâche est grande, majeure mais pas impossible, si chacun apporte sa pierre à l’édifice d’une planète plus respectée.

Cela étant, le film assume clairement que les pouvoirs en place (politique, économique, médiatique, scientifique) sont en première ligne et tiennent les cartes en main d’un jeu risqué. Le film montre que les efforts individuels, si louables soient-ils, restent une goutte d’eau dans un océan, et c’est plutôt à l’intelligence collective d’agir pour sortir de la perversion du pouvoir et de la folie du court terme.

On comprend aussi qu’il est difficile de pointer une responsabilité unique, car les protagonistes jouent un jeu de dupes et se renvoient la balle : les médias misent sur le divertissement et décrédibilisent les scientifiques qui ont du mal à adapter leur discours pour sensibiliser la population. Alors quand les responsables politiques manipulent les intérêts individuels et collectifs, l’urgence devient secondaire et l’important devient subjectif.

Cette comédie dramatique alterne habilement des scènes alarmistes, dignes de films catastrophes, et des scènes de comédie grâce à des personnages hauts en couleur : une présidente extravagante (M. Streep), un astronome déboussolé qui s’égare (L. DiCaprio), et une assistante hystérique (J. Lawrence).

Ce film nous provoque donc frontalement, nous bouscule mais sans nous culpabiliser, et nous fait réfléchir avec les mots de Randall : « On avait vraiment tout, n’est-ce pas ? Si vous y réfléchissez ». Notre planète mérite qu’on en prenne soin, et ce film mérite qu’on se précipite pour le découvrir.

Hubert Myon